« Son emprise sur moi me punissait déjà », commente le narrateur qui se découvre un goût pour le « masochisme mental ». Nos emprises, un roman de Guillaume Delbos, explore une relation qui se désagrège progressivement. Victor entre en contact avec Léopoldine, une artiste peintre, sur Instagram, d’abord pour discuter de projets professionnels. Cependant, la relation évolue, devient plus personnelle, puis glisse vers une dynamique d’addiction et de destruction.
Tout avait pourtant débuté sérieusement : Victor envisage d’écrire un livre illustré des peintures de l’artiste. Mais, au fil de cette relation virtuelle, un tournant s’opère : « Nous ne parlions plus que de nous », résume Victor. « Nous étions comme des ados face à une nouvelle rencontre. Les prémices du pire », ajoute le narrateur. Ce couple, né des réseaux sociaux, évite de se parler au téléphone ; chacun aime trop lire les messages de l’autre pour « se risquer à s’appeler » et risquer de briser le charme.
Nos emprises raconte donc une relation à distance qui sombre dans la folie. Même si le narrateur ne parvient pas à comprendre comment tout a pu s’effondrer, la situation dégénère malgré tout. Léopoldine semble elle-même sous l’emprise d’une mystérieuse tierce personne, tandis que les ex-amoureux en ligne oscillent entre affrontements, évitements et une incapacité paradoxale à rompre réellement les liens. Envie, manque, peur de ne plus être aimé·e, et le potentiel de violence narcissique associé aux messages instantanés confèrent à ce roman une intensité troublante. Rien n’y est invraisemblable : toute relation virtuelle pourrait un jour ressembler à celle de Léopoldine et Victor.”
Retrouvez la critique complète du brillant Marc-Olivier Parlatano dans le Courrier du 21 juillet 2023.